Irritants et vésicants : garantir une thérapie intraveineuse sûre

Certaines perfusions utilisées dans les traitements des patients peuvent causer de l’inconfort ou des blessures, soit directement aux veines, soit aux tissus environnants si la perfusion s’échappe de la voie vasculaire prévue.1

Selon les Normes de Pratique de la Thérapie par Perfusion, 9e Édition, un irritant est « un agent capable de provoquer de l’inconfort (par exemple, brûlure, picotement) ou de la douleur en raison d’une irritation dans la lumière interne de la veine avec ou sans signes externes immédiats d’inflammation de la veine ; »1 tandis qu’un vésicant est « un agent capable de causer des dommages tissulaires lorsqu’il s’échappe de la voie vasculaire prévue vers les tissus environnants. »1 L’extravasation de chimiothérapie vésicante, par exemple, a le potentiel de causer une nécrose tissulaire si elle n’est pas traitée.2

Les médicaments potentiellement associés à des dommages endothéliaux sont parfois appelés médicaments incompatibles avec la voie périphérique,3 par opposition aux  perfusions compatibles avec la voie périphérique, qui ne causent généralement pas d’irritation veineuse ou de dommages tissulaires.3 Les médicaments périphériquement incompatibles peuvent inclure des antibiotiques, des antiviraux, des amines vasoactives, des médicaments antinéoplasiques vésicants et une nutrition parentérale à haute osmolarité.3

Les médicaments anticancéreux en particulier peuvent provoquer des réactions indésirables, notamment une phlébite, des douleurs ou une vascularite nécrosante.5 Les anthracyclines, les taxanes et les vinca- alcaloïdes sont des exemples de médicaments vésicants qui peuvent nécroser les tissus locaux en cas d’extravasation.5 Les sels de platine, les inhibiteurs de topoisomérase, les agents alkylants et certains antimétabolites sont des exemples d’irritants qui peuventprovoquer une inflammation.5

La dilution des médicaments avec une solution saline est-elle un moyen efficace de réduire les risques ? Selon les Recommandations Européennes pour l’Indication et l’Utilisation Appropriées de l’Accès Veineux Périphérique (ERPIUP) : « La dilution… pourrait jouer un rôle dans la réduction du risque de dommages veineux, mais uniquement pour les solutions à forte osmolarité : la dilution ne peut pas modifier significativement le pH d’une solution. »3 Les Normes de Pratique de la Thérapie par Perfusion, 9e Édition, indiquent : « Évitez la dilution inutile. Ne diluez les médicaments IV que sur recommandation du fabricant ou conformément aux politiques, procédures ou directives organisationnelles. »1 Avec la dilution, il y a d’autres facteurs à considérer pour aider à minimiser les risques, y compris, mais sans s’y limiter, le débit de la médication perfusée et la sélection de la veine.1

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Complications futures

Au-delà des risques immédiats d’irritation veineuse, de douleur, d’inconfort et de lésions tissulaires potentiels pendant une perfusion, les irritants et les vésicants peuvent endommager les cellules endothéliales vasculaires.5 Des études ont montré que les lésions des cellules endothéliales peuvent contribuer à des troubles vasculaires et sont associées à la physiopathologie de plusieurs maladies.5

Sélection du bon dispositif d’accès vasculaire (DAV) : prise en compte des risques liés aux irritants et aux vésicants

Les cliniciens sont de plus en plus conscients des indications pour choisir un dispositif d’accès vasculaire périphérique ou central (DAVC), y compris les caractéristiques chimiques des perfusions et les dommages potentiels à l’endothélium.3 Le choix entre un dispositif périphérique ou central dépend de nombreux facteurs. Voici quelques points à considérer :

DAVC pour prévenir les lésions endothéliales. Les DAVC conviennent à tous les types de perfusions sans risque de dommages endothéliaux.3 Selon le Consensus ERPIUP, les perfusions suivantes doivent être administrées par un DAVC : solutions médicamenteuses vésicantes avec un pH bas (<5) ou élevé (>9) ou une osmolarité très élevée (>600 mOsm/L), ainsi que toute autre perfusion pouvant potentiellement irriter la paroi veineuse.3

Risques des systèmes à faible débit.  La perfusion de solutions irritantes ou vésicantes via une veine périphérique à faible débit peut entraîner des blessures telles que des dommages à la couche endothéliale de l’intima, ce qui pourrait entraîner la formation de thrombus, ou une inflammation de la tunique moyenne de la veine, ce qui peut conduire à un œdème ou même à la rupture de l’intégrité de la paroi veineuse.3

Débit très lent. La durée de la perfusion doit être prise en compte. Si une solution à haute osmolarité (800–850 mOsm/L) est perfusée sur 24 heures, elle peut être tolérée par l’endothélium.3 Ou si un vésicant est perfusé via un dispositif d’accès vasculaire périphérique (DAVP) pendant moins d’une heure, cela peut minimiser le risque de lésion endothéliale.3

Risques associés à la dislocation du DAVP. Les irritants et les vésicants peuvent entraîner une dislocation du cathéter, ce qui peut entraîner des dommages tissulaires ou même la mort des tissus.3

Plus sur ce sujet : Les mesures de soins groupés en matière de gestion de l’accès vasculaire périphérique (PVAM) : comment évaluer leur avantage économique

Irritants et vésicants :  Prévenir les risques et éviter les blessures

La préservation de la santé vasculaire est l’objectif ultime. Le Consensus ERPIUP recommande que les cliniciens disposent d’une liste principale de médicaments périphériquement incompatibles lors du choix entre un DAVP ou un DAVC pour les patients.3 Une liste complète et mise à jour peut aider à identifier les médicaments et solutions pouvant être associés à des dommages pour les patients.3

Un autre outil utile est le guide de planification de l’accès vasculaire BD. Ce guide d’une page propose un arbre de décision pour aider à identifier le DAV approprié, en fonction du traitement, de la durée de la thérapie, de l’évaluation veineuse et d’autres critères.

Références

1  Nickel B, Gorski L, Kleidon T, et al. Infusion Therapy Standards of Practice, 9th Edition. J Infus Nurs. 2024;47(1S Suppl 1):S1-S285. doi:10.1097/NAN.0000000000000532

2 Boschi R, Rostagno E. Extravasation of antineoplastic agents: prevention and treatments. Pediatr Rep. 2012;4(3):e28. doi: 10.4081/pr.2012.e28

3 Pittiruti M, Van Boxtel T, Scoppettuolo G, et al. European recommendations on the proper indication and use of peripheral venous access devices (the ERPIUP consensus): A WoCoVA project. J Vasc Access. 2021;24(1):165-182. doi: 10.1177/11297298211023274

4  Helm RE, Klausner JD, Klemperer JD, Flint LM, Huang E. Accepted but unacceptable: peripheral IV catheter failure. J Infus Nurs. 2015;38(3):189-203. doi: 10.1097/NAN.0000000000000100

5 Yamada T, Egashira N, Imuta M, et al. Comparison of injuring effects of vesicant, irritant, and nonvesicant anticancer drugs on endothelial cells. J Pharmacol Sci. 2011;117(2):125-8. doi: 10.1254/jphs.11070sc

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